Sortie au tribunal correctionnel de Béthune

Les élèves de Terminale suivant l’option DGEMC (Droit et Grands Enjeux du Monde Contemporain) ont pu assister à une séance du tribunal correctionnel de Béthune, à l’initiative de leur enseignante Mme BEULENS.

Lire leurs retours ci-dessous.

Audience au tribunal correctionnel de Béthune, une expérience dont nous nous souviendrons

Ce mardi 06 Décembre 2022, (avec l’option DGEMC) nous sommes allés à Béthune, pour nous rendre au tribunal correctionnel. Avant d’y aller, nous avions un peu réfléchi à ce qui allait nous attendre et nous avions quelques a priori. Par exemple, nous pensions que la salle serait bien plus grande ou en tout cas plus impressionnante.

Nous avons aussi constaté la très forte féminisation des professionnels de justice.

Nous avons pu assister à 3 procès, à partir de situations différentes. Le premier procès concernait deux prévenus poursuivis pour consommation et trafic de stupéfiants; les deux suivants concernaient des violences conjugales et, pour le dernier, également des violences sexuelles.

Nous ne nous attendions pas à voir des cas aussi importants, même si en cours, nous avions travaillé sur le tribunal correctionnel et que nous avions appris qu’il juge les délits.

Nous avons été surpris de voir jusqu’où une personne pouvait nier toutes les accusations et justifier certaines de manière inacceptable.

Le fait que 2 affaires sur 3 portaient sur les violences conjugales, voire sexuelles, a été pour nous significatif de la fréquence grandissante desviolences conjugales.

On s’attendait à une ambiance froide, presque glaciale, mais ce n’était pas tellement le cas et c’est un peu difficile d’expliquer la sensation d’assister à un procès, ou peut-être plutôt d’assister à un moment décisif dans vie de nombreuses personnes.

Cette audience nous a permis de mieux comprendre le déroulement d’un procès et le rôle de chacun des professionnels de justice.

Chaque avocat a sa manière de plaider et certaines plaidoiries sont plus intéressantes que d’autres. Même en cas d’agression, les avocats se montrent convaincants dans leurs plaidoiries et arrivent à influer sur notre avis premier. Dans le bus qui nous ramenait au lycée, nous avons discuté entre nous des arguments des avocats et des différentes attitudes des prévenus.

Nous avons aussi constaté la différence entre la réalité et ce que montre le cinéma, sur le déroulement d’un procès.

Peut-être que parfois on a été un peu trop impliqués émotionnellement et, certes nous ne connaissons pas tout le code pénal, mais nous avons été vraiment « dérangés » par la condamnation, trop légère à nos yeux, dans la dernière affaire. Pourquoi la justice est-elle si clémente avec les auteurs d’infraction ?

Du coup, nous avons ressenti un sentiment d’injustice, qui, pour certains, a renforcé leur envie de travailler dans le droit, tandis que d’autres s’en sont sentis un peu découragés.

Nous avons aussi été marqués par le délai entre la commission des faits et l’intervention d’un jugement : près de 10 ans ! Cela pose la question du sens de la peine. Et quand le prévenu comparait libre, cela lui laisse le temps de recommencer.

Ce temps d’attente nous a beaucoup choqués et nous a questionnés sur l’efficacité de la justice française.

D’autre part, on nous avait demandé de rester silencieux et de ne pas utiliser nos téléphones pour ne pas déranger le bon fonctionnement de la justice ; aussi avons-nous été un peu surpris de voir à certains moments des avocats qui plaidaient pour une autre affaire que celle en cours, être sur leur téléphone ou bien parler entre eux.

Participer à une audience du Tribunal correctionnel a plu à chacun. Observer en direct ce que nous avions étudié en cours fut vraiment très intéressant. A aucun moment nous n’avons trouvé le temps long ; au contraire ce fut même très/trop court…

En repensant à cette expérience, quelques jours plus tard, on a l’impression d’avoir pris un peu de recul : les tranches de vie que l’on a perçues au tribunal nous amènent à relativiser nos problèmes et on trouve que c’est important de le retenir et d’y penser quand on a l’impression que le monde va s’écrouler, comme quand on a trop de DS ou de devoirs…

Initiation au tribunal correctionnel pour des avocats en herbe

Ce mardi 13 décembre, nous, élèves de TD suivant l’option Droit et Grands Enjeux du Monde Contemporain, avons eu la chance d’assister à plusieurs jugements du Tribunal correctionnel de Béthune. C’était une première pour nous.

Nous nous étions imaginé la salle d’audience, et nous la pensions plus grande ; nous avons eu des difficultés à tout entendre car l’acoustique de la salle n’est pas bonne. Nous avons expérimenté qu’avant de pénétrer dans la salle d’audience, il fallait passer sous le portique détecteur de métaux et nous avons découvert la salle des pas perdus (nouveau terme pour nous).

Plus tard, un passionné qui assiste tous les jours aux audiences du tribunal nous expliquera que le tribunal comporte un sous-sol qui mène directement à la maison d’arrêt de Béthune.

Nous avons également découvert que tous les prévenus étaient convoqués à la même heure et que donc, certains devaient attendre plusieurs heures, avant que leur affaire ne soit examinée.

Nous avons assisté à l’appel de 4 affaires, mais seules 2 ont pu être jugées, les 2 autres ayant été renvoyées à une date ultérieure (pour transmission à la partie adverse d’un dossier incomplet pour l’une et, pour l’autre, pour changement récent d’avocat et problèmes médicaux du prévenu ne lui permettant pas de comparaitre ce jour).

Nous avons donc pu assister à l’instruction de chacune des 2 affaires (l’un pour escroquerie dans la vente de véhicules d’occasion et l’autre pour contrebande et revente de tabac) aux plaidoiries des avocats concernées et au verdict.

Il nous a semblé que les avocats des prévenus avaient plus de pouvoir et d’influence sur la sentence que l’avocat de la victime car les accusations et les preuves ont pu être écartées par l’avocat du prévenu. Cela nous a donné le sentiment que les victimes ne semblaient pas défendues comme il se doit, ni suffisamment entendues : elles ont beaucoup moins de temps que le prévenu pour s’exprimer.

Nous avons aussi trouvé que les avocats n’étaient tous aussi investis de la même manière. De ce fait, il nous a semblé que la peine dépendait plus du talent et de l’investissement de l’avocat, plutôt que de la gravité des faits et du préjudice des victimes. Nous avons donc été très surpris des verdicts et des peines infligées ; cela ne nous a pas semblé juste pour les victimes, qui ont été pénalisées par le manque de preuves dans le dossier.

Nous avons également admiré l’aisance à l’oral des avocats, tout comme ressenti, par moments, la tension entre les parties.

Malgré notre point de vue sur ce point, pouvoir assister à une audience est très intéressant et enrichissant pour approfondir nos connaissances sur le fonctionnement de la justice en France et mieux appréhender les différentes phases successives d’un jugement. Nous avons aussi découvert que lorsqu’il y avait

plusieurs prévenus, la condamnation à une peine d’amende pouvait être solidaire, ce qui nous a interrogés.

On peut désormais bien se rendre compte du réel travail des avocats, tout comme de la complexité de juger une personne équitablement par rapport à la victime.

Contrairement à ce qu’on pensait auparavant, nous avons constaté le respect des juges envers les prévenus, tandis que certains avocats s’emportent, ce qui ne nous semble pas très professionnel.

Nous avons aussi mesuré l’écart entre la réalité et les procès fiction diffusés à la télévision.

Pour certains, cette expérience a conforté leur choix d’entreprendre des études de droit, après le baccalauréat.

En conclusion ce fut une expérience enrichissante et nous aurions regretté de ne pas la faire.

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